Ayant redoublé “Débutant 2” en solfège et reçu des coups de règle sur les doigts par sa prof de violoncelle au Conservatoire de Caen, Etienne de la Sayette s’oriente tout naturellement vers une passionnante carrière d’archéologue médiéviste lorsqu’il entend Ornette Coleman et décide finalement de faire autre chose : saxophoniste de jazz ! Il médite alors soigneusement les mystères de la pentatonique altérée et de la substitution tritonique mais ressent très vite le besoin de jouer sa propre musique et d’y intégrer de multiples influences : afrobeat, spoken word, fanfares balkaniques, bagad breton, musiques classiques indienne et coréenne, pop asiatique, etc.
Il forme alors ses premiers groupes : Human Beings, un groupe de funk-jazz acoustique joyeusement déconnant et Gulab Ja Moun, une petite fanfare jazz de chambre. Déjà s’affirme un talent de producteur : Etienne de la Sayette sait rassembler les bonnes personnes au bon endroit, organiser un projet musical, impulser une direction artistique, prendre en charge ou superviser tous les aspects de la production (arrangement, composition, son, identité visuelle). Curieux et toujours en quête de sensations variées, il voyage beaucoup (Inde, Balkans, Ethiopie, Corée…) et collectionne les instruments exotiques, invente un cadavre exquis musique/vidéo (première manifestation d’un intérêt pour la musique à l’image qui ira croissant), lance une émission de radio (“Des oreilles avec des trous dedans”, sur Radio Libertaire en FM de 2005 à 2018). Monteur de projet donc, mais ne rechignant pas à l’occasion à apporter sa touche singulière à la musique des autres (Blundetto, Armand Amar, Charlelie Couture, Ti Jaz, Wunderbar Orchestra, La Danse du Chien, etc.).
Sur les cendres encore fumantes de Human Beings, Etienne de la Sayette monte Frix, un quartet dans lequel il s’adonne sans vergogne à son vieux penchant pour les claviers vintage et les samples vocaux (la voix de Frédéric Mitterand, un manuel d’éducation sexuelle américain des années 50, un film d’invasion extraterrestre…). Libération y voit « la sensation hexagonale du moment » et le grand quotidien allemand Süddeutsche Zeitung devine en Etienne de la Sayette « un futur grand nom du jazz français » !
Entretemps, il fait la connaissance du trompettiste Paul Bouclier, sorte d’alter ego avec lequel il forme un groupe consacré à une passion commune : la musique ethiopienne des années 70, découverte grace à la collection Ethiopiques. Akale Wube fait mouche et répand la bonne parole aux quatre coins du monde : Addis Abeba, Shanghai, New-York, Sao Paolo, Seoul, Johanesbourg, London, Berlin… souvent en compagnie d’invités magnifiques : Girma Béyéné, Mahmoud Ahmed, Manu Dibango, Julien Loureau, Vincent Peyrani, etc. Autre amour d’Etienne de la Sayette, les chansons du chanteur de charme coréen Bae Ho fournissent la matière du quintet Baeshi Bang, pop sans paroles simultanément désuète et moderne, à l’instrumentation raffinée : saxophone, cor, piano, batterie, guitare.
Depuis 2015, Etienne de la Sayette produit aussi ses albums solos, des musiques de spectacle et des musiques de film dans son luxueux studio : station Protools, magneto à bande, micros Neumann, Beyer et AKG, 72 flûtes venant de 14 pays, 15 claviers vintage dont un vermona est-allemand, 1 piano du Japon, 5 saxophones, 2 clarinettes dont une turque, 1 batterie, 0 instruments virtuels !